13 novembre 2024

Les langues parlées en Mongolie

Par Patrick

La Mongolie, pays vaste et mystérieux niché entre la Russie au nord et la Chine au sud, est bien plus que ses paysages grandioses et sa culture nomade. C’est aussi un terrain riche d’une diversité linguistique impressionnante. Bien que le mongol khalkha soit largement reconnu comme langue officielle et dominante, plusieurs autres dialectes et langues coexistent harmonieusement dans ce territoire immense. Plongeons-nous dans ce monde de paroles où chaque peuple ethnique apporte sa propre couleur au tableau linguistique mongol.

Langue officielle : le mongol Khalkha

En Mongolie, la langue officielle est sans conteste le mongol khalkha. Parlé par environ 90% de la population, il sert non seulement de moyen de communication quotidien mais aussi de ciment culturel national. Le mongol khalkha appartient à la famille des langues ouralo-altaïques, une caractéristique partagée avec nombre d’autres langues locales.

Grâce à cette prédominance, le mongol khalkha s’enseigne dans toutes les écoles à travers le pays et constitue la base de nombreux médias écrits et audiovisuels. Cependant, il existe une grande variété dialectale parmi les groupes ethniques vivant en Mongolie, chacun ayant ses propres spécificités linguistiques.

Les langues selon les ethnies

Les dialectes du khalkha et du tchakhar

En dehors du mongol khalkha, les ethnies mongoles telles que les Khalkhas et Tchakars parlent souvent des variantes localisées du mongol khalkha. Ces dialectes conservent essentiellement l’esprit et la structure de la langue officielle, mais incluent diverses particularités régionales qui enrichissent leurs conversations quotidiennes.

Par exemple, la région du Tchakhar, située principalement en Chine (dans la région autonome de Mongolie-Intérieure), présente des différences intéressantes en termes de prononciation et de vocabulaire. Pourtant, la compréhension mutuelle reste généralement possible grâce à la racine commune de ces dialectes.

La langue des Oirates

Les Oirates constituent un autre groupe ethnique important en Mongolie, parlant principalement le dialecte oirat. Contrairement au mongol khalkha, la phonologie et certains aspects grammaticaux de l’oirat diffèrent significativement. Les locuteurs oirates vivent principalement dans l’ouest de la Mongolie, contribuant ainsi à une certaine diversité linguistique locale.

Le dialecte oirat utilise également un alphabet distinct appelé « alphabet clérical, » introduit à l’origine par les moines bouddhistes pour diffuser leur enseignement. Ce système d’écriture unique renforce encore davantage l’identité culturelle et linguistique de cette ethnie.

Les Bouriate : une diversité linguistique au nord

La communauté Bouriate, quant à elle, habite principalement les régions nord de la Mongolie et partage des liens étroits avec les peuples Bouriates résidant en Russie. Leur langue, le bouriate, est une langue altaïque qui comprend plusieurs sous-dialectes connectés mais distincts, reflétant la richesse de la variation linguistique parmi les Bouriates.

Cette proximité géographique et culturelle avec la Russie se traduit souvent par un bilinguisme chez les Bouriates, notamment en russe. La contamination linguistique et l’emprunt lexical entre les deux langues sont donc monnaie courante.

L’ethnie Kalmouk et sa langue

Les Kalmouks, principalement installés dans la région de Kalmykie en Russie, ont également une présence en Mongolie. Ils parlent le kalmouk, un autre dialecte faisant partie des langues ouralo-altaïques. Malgré leur répartition géographique fragmentée, les Kalmouks maintiennent vivante une tradition linguistique unique qui continue de prospérer à travers les jeunes générations.

Le dialecte kalmouk comporte des éléments lexicaux et phraséologiques souvent incompris des autres locuteurs mongols. Toutefois, ces distinctions n’affectent en rien la richesse linguistique qu’ils apportent à la mosaïque culturelle de la Mongolie.

L’ethnie Tuva : entre Mongolie et Sibérie

Les Touvains (Tuva) habitent principalement dans l’extrême ouest de la Mongolie et en République de Touva en Russie. En raison de leur situation géographique, ils parlent touvain. Cette langue, profondément enracinée dans les traditions orales, est connue pour son chant diphonique (khöömei), un patrimoine immatériel transmis de génération en génération.

Bien que le touvain conserve ses caractéristiques propres, on note une influence croissante du chinois mandarin et du russe en raison des contacts commerciaux et culturels fréquents avec la Chine et la Russie. Cela entraîne parfois une interférence linguistique avec le mongol.

Le dialecte daringangue

Les Daringas forment un petit groupe ethnique en Mongolie dont la langue, le daringangue, est un dialecte du mongol. Bien que peu nombreux, ils restent fermement attachés à leur héritage linguistique. Le daringangue tire beaucoup de similarités du mongol khalkha, mais se distingue toujours par certaines expressions et tournures grammaticales uniques.

Les efforts pour préserver le daringangue face à la dominance du mongol khalkha mettent en lumière l’engagement de cette ethnie à conserver son identité distincte. À mesure que la mondialisation progresse, ces petits dialectes jouent un rôle crucial dans la préservation de la diversité linguistique nationale.

Les influences externes

Outre les langues indigènes mongoles, la Mongolie fait usage de plusieurs autres langues internationales dénotant des connexions historiques et contemporaines. Parmi celles-ci, les plus notables sont le russe, le chinois mandarin et l’anglais.

Historiquement, durant l’époque soviétique, le russe a occupé une place primordiale dans le système éducatif et la vie quotidienne des Mongols. Aujourd’hui encore, de nombreuses personnes âgées en Mongolie peuvent parler couramment le russe. Cependant, l’influence du russe est en déclin progressif, cédant du terrain à d’autres langues étrangères.

De même, la croissance économique et les échanges fréquents avec la Chine placent le chinois mandarin sur le devant de la scène. Cette langue gagne rapidement en popularité, en particulier parmi les jeunes Mongols désireux d’améliorer leurs perspectives professionnelles.

L’anglais, enfin, monte en puissance en tant que langue secondaire apprise dès l’école primaire. L’omniprésence de l’anglais dans l’internet et la culture pop mondiale facilite son adoption et en fait une compétence prisée dans les milieux académiques et professionnels en Mongolie.

Dynamisme des langues turques en Mongolie

Il convient de mentionner également l’influence limitée mais notable des langues turques en Mongolie. Certaines populations Kazakh vivant dans l’ouest du pays parlent kazakh. Ce contact crée un échange multiculturel unique, particulièrement apparent lors des célébrations et événements communautaires où les coutumes et les langues convergent.

Profitez de votre séjour en Mongolie pour explorer ses merveilles naturelles tout en découvrant ses richesses linguistiques. Une excellente manière de s’immerger dans cette expérience est de faire un trek à cheval en Mongolie, permettant de rencontrer différentes communautés locales et d’entendre directement les divers dialectes et langues en action.

Les langues turques ajoutent ainsi une autre couche à ce riche tissu linguistique, reflet des vagues migratoires historiques et des relations transfrontalières.

En explorant les diverses langues et dialectes parlés en Mongolie, il devient évident que cette nation ne se définit pas uniquement par sa langue officielle, le mongol khalkha. Chaque groupe ethnique y contribue par ses traditions linguistiques uniques, façonnant ainsi une riche tapisserie culturelle. Que ce soit à travers les dialectes des Khalkhas tchakhars, les langues spécifiques des Oirates, Bouriates, Kalmouks, Touvains ou encore le daringangue, la Mongolie démontre une diversité linguistique fascinante. Ajoutons-y l’influence externe du russe, du chinois mandarin, de l’anglais et des langues turques, et nous obtenons un panorama linguistique vibrant et dynamique, témoignage vivant de l’histoire et des interactions culturelles de ce pays extraordinaire.